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LA TRACE

d’un des hommes les plus riches de Londres, ce qui lui assure un excellent accueil dans Belgrave.

« Mosquetti va chanter, dit tout bas la maîtresse de la maison. Il vous charmera dans Lucia, certainement. Vous avez perdu le duo de Fitz Bertram, il a été charmant ; tous les cristaux de la salle à manger ont été brisés, et le gaz des candélabres éteint ; il a été charmant, je vous assure. Il chantera après Mosquetti, la duchesse de G… en est éprise, comme vous savez. Je crois qu’elle lui envoie des bagues en diamants tous les matins, et le duc, dit-on, a refusé de répondre du compte qu’elle a fait chez Storr. »

La conquêté de M. Fitz Bertram n’a pas un très-grand intérêt pour Valérie ; elle incline sa tête hautaine, en élevant légèrement l’arcade sourcilière de ses yeux tout juste pour indiquer la surprise d’une personne bien élevée ; mais elle s’intéresse au signor Mosquetti, et profite du siège que son hôtesse lui présente près du grand piano d’Érard. Le morceau est terminé presque aussitôt qu’elle est assise, mais Mosquetti reste près du piano, occupé à causer avec un gentleman âgé, qui est évidemment un connaisseur.

« Je n’ai jamais entendu qu’un seul homme, signor Mosquetti, dit ce gentleman, dont la voix ressemblât à la vôtre. »

Il n’y a rien de bien particulier dans ces mots, mais l’attention de Valérie est apparemment éveil-