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LA TRACE

plaisanterie, un monsieur me demander. Ce ne pouvait être un huissier, car je ne devais pas un liard ; les marchands de Paris n’étant pas assez fous pour me faire crédit. C’était un monsieur, un personnage à la tournure vraiment aristocratique, beau, mais sa figure ne me convenait pas, affable, et cependant je n’aimais pas ses manières. »

Ah ! Valérie, c’est le vrai moment d’écouter.

« Il avait besoin de moi, disait-il, continua Mosquetti, pour terminer une petite affaire. Une folle jeune fille, qui avait vu de Lancy sur la scène et qui, le prenant pour le héros idéal d’un roman, n’était rien moins que décidée à jeter son cœur et sa fortune aux pieds de celui-ci, il fallait la désenchanter par n’importe quel stratagème qu’on pourrait imaginer. Les parents de la jeune fille lui avaient confié la direction de l’affaire, à lui, son proche parent. Consentirais-je à l’aider, voudrais-je représenter de Lancy, et jouer une petite scène dans le bois de Boulogne pour ouvrir les yeux de cette jeune fille, pensionnaire étourdie ?… y consentirais-je, vu l’importance de la chose ? Il ne s’agissait que de jouer une petite scène de comédie en dehors du théâtre, et c’était pour un bon motif. J’y consentis, et le soir même, à dix heures et demie, dans les ténèbres d’une nuit d’hiver et des arbres dépouillés de leurs feuilles, je…

— Arrêtez, arrêtez, signor Mosquetti, s’écrient les