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DU SERPENT.

mond de Marolles s’est même peu soucié de rompre la solitude de cette femme, dont le chagrin est si près de ressembler au désespoir.

« Que fera-t-elle, maintenant qu’elle sait tout ? Va-t-elle le dénoncer ? Si elle le fait, je suis préparé. Pourvu que Blurosset, le pauvre fou de savant, joue seulement son rôle avec fidélité, je suis sauvé. Mais elle n’osera pas révéler la vérité ; par amour pour son fils elle gardera le silence. Oh ! étrange, inexplicable et mystérieux hasard, que cette fortune pour laquelle j’ai machiné de si profondes combinaisons, pour laquelle j’ai tant hasardé et me suis donné tant de peine, m’appartienne à moi seul ! Cette femme n’est qu’une pure usurpatrice, et seul je suis l’héritier légitime de la fortune des de Cévennes. Que faut-il faire ? Pour la première fois de ma vie je suis en défaut. Voler vers le marquis, lui dire que je suis son fils ; c’est difficile à prouver, maintenant que cette vieille sorcière est morte ; et même si je le prouvais, dussé-je soulever pour cela ciel et terre, que deviendrai-je si elle me dénonce à son oncle et que celui-ci refuse de reconnaître l’aventurier, l’empoisonneur ! Je pourrais bien la faire taire, mais malheureusement elle n’ignore pas les événements, et je crains qu’elle ne veuille pas même accepter une goutte d’eau de la part de son dévoué mari. Si j’avais quelqu’un pour me venir en aide, mais je n’ai personne, personne à qui je puisse me