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DU SERPENT.

qui a été pour elle comme un mort ressuscité du tombeau, c’est parce qu’il est des joies qui, par leur intensité même, sont trop sacrées et trop difficiles à exprimer par des mots. Il lui a été rendu. Elle ne l’avait jamais tué. La potion que lui avait donnée Blurosset était un soporifique très-énergique, qui avait produit un sommeil ressemblant à la mort par tous ses symptômes extérieurs. Par l’influence du chimiste, le bruit de la mort avait été généralement répandu. La vérité n’avait jamais été révélée qu’aux amis les plus dévoués de Gaston. Mais le coup fut trop fort pour celui-ci quand il apprit le nom de la personne qui avait tenté de le tuer, il tomba dans un accès de fièvre qui dura plusieurs mois, période pendant laquelle il perdit complètement la raison et ne dut son salut qu’au dévouement du chimiste ; dévouement qui lui était, peut-être, inspiré autant par l’amour de la science, objet de ses études, que par l’individu qu’il sauva. En se rétablissant enfin, l’artiste eut la douleur de découvrir que cette splendide voix, qui avait fait sa fortune, avait entièrement disparu. Que lui restait-il à faire ? Il s’enrôla au service de la Compagnie des Indes ; s’éleva en grades pendant la campagne des Sikhs, avec une rapidité qui étonna les plus distingués de ses camarades. On fit sur l’histoire de sa vie un roman qui le posa en héros dans son régiment. Il était connu pour avoir de la for-