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DU SERPENT.

disparaissent dans cet horizon de pourpre. Je vois dans ces lointaines contrées méridionales deux familles heureuses, deux villas aux murs resplendissants de blancheur à moitié ensevelies dans les jardins luxuriants de ce délicieux climat. J’entends les voix des enfants dans les sombres allées d’orangers, dont les fleurs odorantes tombent dans le bassin de marbre de la pièce d’eau. Je vois Richard renversé sur un fauteuil, sous la verandah, à moitié caché par les traînées de jasmins qui l’abritent des rayons du soleil couchant ; il fume sa pipe au long tuyau de merisier que sa femme vient de garnir. Gaston se promène de long en large, de son pas militaire cadencé, sur la terrasse au-dessous, s’arrêtant quand il passe à côté pour poser une main caressante sur les boucles noires de son fils bienaimé. Et Valérie, elle est appuyée contre la frêle colonnette du portique, autour duquel s’entrelacent les roses jaunes aux suaves parfums et contemple, de ses yeux avides, l’époux de son premier choix. Ô êtres heureux ! il en est peu d’aussi fortunés que vous dans ce monde de labeur quotidien, qui jouissent au printemps de la vie de l’accomplissement des rêves chers à la jeunesse !

FIN.