Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LA TRACE

de la machine hydraulique et s’empara de son bras.

C’était une exubérante créature de quelque quarante printemps, coiffée d’un chapeau, dont le choix seul l’eût marquée au coin d’un cerveau fêlé, sans qu’il fût nécessaire d’avoir d’autre preuve. Dire qu’il ressemblait à un seau à charbon, ne serait pas en donner une idée ; dire qu’il ressemblait à un seau à charbon détérioré par une avalanche d’eau tombé sur sa carcasse et complètement disloqué, serait peut-être approcher un peu plus de la vérité ; ajoutez à cela un voile vert, plus épais qu’une serviette ordinaire et trois plumes disposées avec goût, suivant la direction adoptée par les modistes parisiennes, pour placer le plumage d’oiseaux étrangers et vous pourrez vous former quelque idée de la coiffure de la dame. Sa robe était courte et étroite, mais abondamment ornée d’une espèce de garniture qui, aux yeux du vulgaire, aurait passé pour des bandes de calicot, mais qui aux yeux des pensionnaires était considérée comme des dentelles de Valenciennes. Sous le bas de cette robe apparaissait une paire de bottines vert-pomme ; bottines d’une forme telle, que nul cordonnier à l’esprit sain n’aurait pu en inventer une semblable dans ses rêves les plus désordonnés, mais qui, dans cet établissement, était adoptée et plutôt recherchée qu’autre chose. Cette dame n’était autre que la