Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
DU SERPENT.

— Non, dit Richard, je ne me souviens pas de l’avoir vu.

— Nous sommes soixante-dix-neuf personnes dans cet établissement qui le connaissons, monsieur, soixante-dix-neuf, et vous osez rester là à me dire que vous…

— Je vous assure, madame, que je n’ai pas l’honneur de le connaître.

— Ne pas connaître l’homme aux muffins ! Vous ne connaissez pas l’homme aux muffins, méprisable individu, singe efflanqué que vous êtes ? »

Il serait difficile de deviner la suite des invectives qu’aurait pu dérouler la dame, car elle n’était pas réputée pour le raffinement de son vocabulaire quand elle était fortement agitée ; mais, en ce moment, un homme grand et vigoureux, l’un des gardiens, s’avança en criant à haute voix :

« Eh ! là-bas, qu’est tout ceci !

— Il dit qu’il ne connaît pas l’homme aux muffins, s’exclama la dame, son voile flottant au vent comme une banderole, ses poings sur les hanches et ses bottines vert-pomme fièrement campées d’un air de défi dans le sable de l’allée.

— Oh ! nous le connaissons bien assez, dit l’homme en faisant un signe de l’œil à Richard, et les muffins qu’il fabrique sont très-mollets. »

Ayant ajouté ce renseignement sur le gentleman en question, le gardien s’éloigna en regardant d’un