Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
DE LADY AUDLEY

vagues doutes et de misérables soupçons qui pourraient m’envahir au point de me rendre fou ? Pourquoi est-elle venue à Londres ? »

Il était encore à s’adresser mentalement cette question, comme il montait son escalier de Fig-Tree Court, un de ses chiens sous chaque bras et sa couverture de voyage sur son épaule.

Il trouva son logis dans l’ordre accoutumé. Les géraniums avaient été soigneusement entretenus, et les canaris avaient été abrités pour la nuit sous un carré de serge verte, témoignage des soins de l’honnête mistress Maloney. Robert jeta un coup d’œil rapide autour du salon, puis, déposant les chiens sur le tapis du foyer, marcha droit vers la petite chambre intérieure qui lui servait de cabinet de toilette.

C’était dans cette chambre qu’il mettait les porte-manteaux hors de service, les boîtes du Japon délabrées et autres objets de rebut, et c’était là que George Talboys avait laissé ses bagages. Robert enleva un porte-manteau de dessus une grande malle, et se mettant à genoux devant, une bougie allumée à la main, il examina attentivement la serrure.

Selon toute apparence, elle était exactement dans la même condition où George l’avait laissée lorsqu’il avait mis de côté ses vêtements de deuil et les avait placés dans ce pauvre reliquaire avec tous les autres souvenirs de sa défunte femme. Robert passa la manche de son habit sur le couvercle recouvert de cuir usé, sur lequel étaient inscrites les initiales G T en gros clous à tête de cuivre ; mais mistress Maloney, la femme de ménage, avait été la plus soigneuse des ménagères, car ni le porte-manteau ni la malle n’étaient couverts de poussière.

M. Audley dépêcha un enfant pour chercher sa domestique écossaise, et arpenta son salon de long en large, en attendant impatiemment son arrivée.