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CHAPITRE VII

Après une année.

La première année du veuvage de George Talboys était écoulée ; le large crêpe de son chapeau était devenu jaunâtre et fané, et comme les rayons d’un jour d’un autre mois d’août s’éteignaient, il était assis et fumait dans les chambres paisibles de Fig-Tree Court, absolument comme il l’avait fait l’année d’avant, quand l’horreur de son infortune était encore récente, et que chaque objet, insignifiant ou important, semblait saturé de son propre chagrin.

Mais l’ex-dragon avait survécu douze mois à son affliction, et quelque pénible que ce soit à dire, il n’avait pas une très-mauvaise apparence, malgré sa douleur. Le ciel seul connaissait le profond changement opéré en lui par cette amère déception ! Le ciel seul connaissait quelles angoisses désolantes de remords et de reproches n’avaient pas torturé le cœur honnête de George pendant qu’il passait les nuits sans sommeil, pensant à sa femme qu’il avait abandonnée pour aller à la poursuite d’une fortune, qu’elle n’avait jamais pu partager pendant sa vie.

Une fois, lorsqu’ils étaient à l’étranger, Robert Audley