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LE SECRET

avait un autre bien plus dangereux ; un autre qu’il lui était impossible de corrompre à prix d’argent, eût-elle possédé autant de trésors que la plus riche souveraine.

« Je vous donnerai de l’argent pour renvoyer cet huissier, dit milady après un moment de silence. Le dernier souverain que renferme ma bourse doit forcément être à vous, car je ne peux vous le refuser. »

Lady Audley se leva et prit la lampe allumée sur la table à écrire.

« L’argent est dans mon cabinet de toilette, dit-elle ; je vais le chercher.

— Oh ! milady, s’écria tout à coup Phœbé, j’ai oublié quelque chose ; je suis tellement préoccupée de notre affaire que je n’y ai plus songé.

— À quoi ?

— À une lettre qu’on m’a chargée de vous remettre au moment où je partais de chez nous.

— Quelle lettre ?

— Une lettre de M. Audley. Il a entendu mon mari parler de ma visite chez vous, et il m’a priée d’apporter cette lettre. »

Lady Audley remit la lampe sur la table et tendit la main pour recevoir le papier. Phœbé Marks ne put s’empêcher de remarquer que cette petite main couverte de bagues tremblait comme une feuille.

« Donnez-la-moi… donnez-la-moi, cria milady, que je voie ce qu’il a encore à me dire. »

Dans son impatience elle arracha presque la lettre des mains de Phœbé. Elle déchira l’enveloppe et la jeta loin d’elle ; elle put à peine déplier la feuille de papier tant elle était agitée.

La lettre était très-courte et ne renfermait que ces mots :

« Si mistress George Talboys n’est réellement pas morte, comme l’ont dit les journaux et comme l’indique