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DE LADY AUDLEY

billa pour sortir. La petite pendule en laque qui ornait sa cheminée sonna onze heures un quart pendant qu’elle était encore occupée. Cinq minutes après, elle rentra dans le boudoir où elle avait laissé Phœbé Marks.

La femme de l’aubergiste était assise devant le feu presque dans la même position que son ancienne maîtresse au commencement de la soirée. Phœbé avait alimenté le feu et remis son châle et son chapeau. Il lui tardait de rentrer chez elle auprès de ce brutal mari qui ne savait que trop bien profiter de son absence pour commettre quelque imprudence. Elle leva la tête quand lady Audley entra, et poussa un cri de surprise en voyant sa maîtresse prête à sortir.

« Avez-vous l’intention de sortir à cette heure, milady ? s’écria-t-elle.

— Oui, Phœbé ! je vais à Mount Stanning avec vous pour voir cet huissier, le payer, et le renvoyer moi-même.

— Mais vous oubliez qu’il est tard, milady. »

Lady Audley ne répondit pas. Elle réfléchissait, la main posée sur le cordon de la sonnette.

« Les écuries sont toujours fermées, et les palefreniers couchés à dix heures quand nous habitons le château. Pour avoir une voiture, il faudrait faire beaucoup de bruit ; je crois pourtant que quelque domestique pourrait me la préparer sans qu’il y eût du vacarme.

— Mais pourquoi sortir ce soir, milady ? demanda Phœbé Marks. Demain, cela vaudra tout autant. Dans huit jours même, si vous voulez. Notre propriétaire renverra l’huissier lui-même s’il a votre promesse de régler l’affaire. »

Lady Audley ne prêta pas l’oreille à cette interruption. Elle retourna dans son cabinet de toilette, enleva à la hâte son manteau et son chapeau et reparut dans le boudoir avec son costume du dîner.