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LE SECRET

CHAPITRE XXXVI

Le calme succède à la tempête.

Robert Audley suivit son oncle dans le vestibule, après que sir Michaël eut prononcé ces quelques paroles qui étaient comme le glas de mort de son espérance et de son amour. Dieu sait combien le jeune homme avait redouté l’arrivée de ce jour fatal. Il était venu cependant ; et, quoiqu’il n’y eût eu aucune explosion de désespoir, aucun ouragan de reproches, aucune tempête d’angoisses et de larmes, Robert n’augurait pas bien de ce calme surnaturel. Il comprenait que sir Michaël emportait avec lui la flèche acérée que la main de son neveu avait dirigée contre son cœur. Il savait que ce calme étrange et glacial annonçait seulement la stupeur que produit toujours un coup inattendu et que la surprise rend pour un moment presque incompréhensible. Il savait que lorsque l’étonnement aurait cessé, le patient envisagerait audacieusement la souffrance, se familiariserait avec elle, et finirait par éclater en sanglots déchirants, qui briseraient comme un coup de tonnerre ce cœur généreux.

Robert avait entendu raconter que des hommes de