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DE LADY AUDLEY

teur de Robert, est pour M. Val, un de mes amis qui est propriétaire et directeur d’une excellente maison de santé à Villebrumeuse. Nous nous connaissons depuis longtemps, et il consentira volontiers à recevoir lady Audley dans son établissement. Il prendra sur lui la responsabilité de sa vie à venir. Soyez tranquille, cette vie ne sera pas accidentée. »

Robert Audley voulut parler et remercier de nouveau le docteur, mais un geste d’autorité du docteur Mosgrave empêcha toute effusion.

« Du moment où lady Audley mettra le pied dans cette maison, dit-il, sa vie d’action sera finie. Tous ses secrets seront enfermés avec elle, et si elle a commis des crimes, elle n’en commettra plus. Si vous lui creusiez une tombe dans le cimetière voisin, vous ne la sépareriez pas plus complètement du monde. En ma qualité de physiologiste et d’honnête homme, je ne crois pas que vous puissiez mieux faire que de l’enfermer, car la physiologie est un mensonge, si la femme que j’ai vue il y a dix minutes peut être laissée libre au milieu de ses semblables. Elle m’aurait sauté à la gorge et étranglé avec ses petites mains si elle l’avait pu, pendant que je causais avec elle.

— Elle devinait donc le but de votre visite ?

— Elle le savait. « Vous me croyez folle comme ma mère et vous venez me questionner, m’a-t-elle dit. Vous voulez reconnaître en moi la tache héréditaire. » Adieu, monsieur Audley, ajouta à la hâte le médecin, je suis en retard de dix minutes, et je n’ai pas de temps à perdre pour arriver avant le départ du train. »