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DE LADY AUDLEY

cette personne. Je laisse à votre conscience le soin de décider ce que vous avez à faire pour elle, et je ne désire pas le savoir. Toutes les fois que vous manquerez d’argent, tirez sur moi pour la somme qu’il vous plaira, mais ne m’en faites pas connaître l’emploi. »

Robert Audley poussa un long soupir de soulagement en repliant cette lettre. Elle le débarrassait d’un devoir bien pénible à remplir, et lui traçait la marche à suivre relativement à George Talboys.

Son âme dormirait en paix dans sa tombe inconnue, et sir Michaël Audley ne saurait jamais que la femme qu’il avait aimée était coupable d’un meurtre.

Robert n’avait plus à ouvrir que la troisième lettre, celle qu’il avait placée sur son cœur pendant qu’il lisait les autres. Il déchira l’enveloppe et retira avec soin et tendresse le papier qu’elle contenait.

La lettre était aussi courte que celle de sir Michaël. Elle ne renfermait que ces quelques lignes :

« Cher monsieur Audley,

« Le recteur de l’endroit a rendu deux fois visite à Luke Marks, l’homme que vous avez sauvé dans l’incendie de l’auberge du Château. Marks est dangereusement malade au cottage de sa mère, près d’Audley, et l’on ne croit pas qu’il vive longtemps. Sa femme le soigne. Il a témoigné le désir de vous voir avant sa mort. Venez donc sans retard, je vous en prie.

« Votre amie sincère,
« Clara Talboys.

« À la cure de Mount Stanning, 6 mars. »

Robert Audley replia respectueusement le papier et le replaça sous son gilet à l’endroit où l’on croit com-