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DE LADY AUDLEY

cru. Il pouvait recourir à l’Almanach des Postes et y chercher le nom de mistress Vincent, mais très-certainement une dame qui était en état d’hostilité avec ses créanciers n’allait pas leur fournir un moyen aussi facile de la trouver.

« Si le boulanger ne peut la découvrir, comment y parviendrai-je moi-même ? se demandait-il avec désespoir. Lorsqu’un gaillard résolu et actif comme ce boulanger ne réussit pas, il est inutile que moi qui n’ai pas la moindre énergie, je songe à résoudre la difficulté. Ce serait même folie de ma part que d’essayer. »

M. Audley s’abandonnait à ces tristes réflexions en revenant à l’endroit où l’attendait la voiture. À moitié chemin, il fut arrêté par une femme qu’il entendit marcher derrière lui et qui lui cria de l’attendre. Il se retourna et se trouva face à face avec la femme qui réglait son compte chez le boulanger.

« Que me voulez-vous ? lui dit-il. Puis-je faire quelque chose pour vous, madame ? Mistress Vincent vous doit-elle aussi de l’argent ?

— Oui, monsieur, répondit-elle d’une manière tout à fait en harmonie avec sa toilette. Mistress Vincent est ma débitrice, mais ce n’est pas là ce qui m’occupe, monsieur, je… je désire savoir, si cela ne vous déplaît pas, quelles affaires vous avez à traiter avec elle… parce que… parce que…

— Vous pouvez me donner son adresse, si vous voulez, n’est-ce pas ? c’est là ce que vous avez l’intention de me dire. »

La femme hésita un instant et regarda Robert avec méfiance.

« Vous n’avez rien de commun avec… avec les gens de la taille, n’est-ce pas, monsieur ? lui dit-elle après avoir examiné la tenue de Robert pendant quelques instants. »