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DE LADY AUDLEY

— C’est cela même, mistress Talboys. On plaignit beaucoup mistress Talboys dans Wildernsea, car elle était très-jolie et savait se faire aimer de tout le monde.

— Combien de temps M. Maldon et sa fille restèrent-ils à Wildernsea après le départ de M. Talboys ? demanda Robert.

— Je ne sais… voyons… ma foi, je ne pourrais vous le dire au juste. Je sais que M. Maldon venait d’arriver ici et racontait à qui voulait l’entendre comment sa fille avait été traitée par un jeune homme en qui il avait toute confiance ; mais j’ignore à quelle époque il quitta Wildernsea… Mistress Barkamb vous le dirait certainement.

— Mistress Barkamb ?

— Oui, mistress Barkamb, la propriétaire du no 17, North Cottages, où habitaient M. Maldon et sa fille. C’est une femme très-polie, et je suis sûr qu’elle vous racontera tout ce que vous lui demanderez.

— Merci, j’irai voir mistress Barkamb demain… Attendez… encore une question, Reconnaîtriez-vous mistress Talboys, si vous la voyiez ?

— Sans doute, monsieur, aussi bien qu’une de mes filles. »

Robert Audley inscrivit l’adresse de mistress Barkamb sur son agenda, mangea sa côtelette, but quelques verres de sherry, fuma un cigare, et se retira ensuite dans son appartement, où un bon feu avait été allumé.

Il s’endormit promptement : la fatigue des deux jours précédents était en dehors de ses habitudes. Mais son sommeil ne fut pas long. Il entendit le vent gémir sur la vaste étendue des sables du rivage et le clapotement monotone des vagues. Ces bruits étranges, joints aux pensées mélancoliques suggérées par un voyage désagréable, se transformèrent, en reparaissant sans cesse dans son cerveau alourdi, en visions