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DE LADY AUDLEY

« Quel est ce beau jeune homme que j’ai surpris en tête-à-tête avec vous, Clara ? lui demanda-t-elle en riant.

— C’est M. Audley, un ami de mon pauvre frère.

— Ah ! c’est sans doute quelque parent de sir Michaël Audley ?

— Sir Michaël Audley ?

— Mais oui, ma chère, le personnage le plus important de la paroisse. Nous irons le voir dans quelques jours, et je vous présenterai au baronnet et à sa charmante femme, qui est toute jeune.

— Toute jeune ! répéta Clara Talboys, regardant son amie d’un air sérieux. Est-ce que sir Michaël est marié depuis peu ?

— Oui. Il est resté veuf pendant seize ans, et a épousé, l’année dernière, une institutrice qui n’avait pas un sou vaillant. C’est tout à fait romanesque, et lady Audley est regardée comme la belle des belles du comté. Mais nous nous attardons, Clara ; venez donc. Le cheval est fatigué d’attendre, et nous avons une longue course à faire avant dîner. »

Clara Talboys prit place dans le petit char à bancs qui attendait à la porte du cimetière, sous la garde de l’enfant à l’habit de futaine qui avait soufflé l’orgue. Mistress Martyn s’empara des rênes, et le vigoureux cheval partit au grand trot dans la direction de Mount Stanning.

« Racontez-moi ce que vous savez de cette lady Audley, Fanny, dit miss Talboys après une longue pause. J’ai besoin de savoir tout ce qui la concerne. Connaissez-vous son nom de jeune fille ?

— Oui, elle se nommait miss Graham.

— Et est-elle très-jolie ?

— Oh ! très-jolie. Pourtant c’est une beauté enfantine. Elle a de grands yeux bleus très-clairs et des cheveux d’un blond cendré qui bouclent naturelle-