Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
DE LADY AUDLEY

d’extraordinaire de nos jours, répondit milady avec indifférence. Je pourrais vous montrer des autographes d’une demi-douzaine de mes correspondantes et vous défier d’y voir grande différence.

— Mais si l’écriture n’était pas une écriture ordinaire, si elle offrait des particularités qui peuvent la faire reconnaître entre mille ?

— Alors la coïncidence serait assez curieuse ; mais ce serait une simple coïncidence. Pouvez-vous nier la mort d’Helen Talboys parce que son écriture ressemble à celle d’une personne vivante ?

— Et si une série de coïncidences pareilles conduisaient au même résultat ? Helen Talboys a quitté la maison de son père, au dire de sa lettre, parce qu’elle était fatiguée de sa vie d’autrefois et qu’elle voulait en commencer une nouvelle. Savez-vous ce que je conclus de cela ? »

Milady fit un mouvement d’épaules.

« Je ne m’en doute pas le moins du monde, répondit-elle. Vous m’avez retenue dans cette allée désagréable pendant assez longtemps, permettez-moi de rentrer m’habiller.

— Non, lady Audley, reprit Robert avec une sévérité tellement étrange en lui qu’elle en faisait un autre homme, — quelque chose comme un grand juge, un instrument de supplice pour le coupable ; — non, lady Audley, je vous ai dit que vos mensonges étaient inutiles, je vous répète maintenant que vous ne gagnerez rien à me braver. J’ai agi loyalement avec vous, je vous ai avertie indirectement il y a deux mois du danger que vous couriez.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous n’avez pas voulu profiter de cet avertissement, lady Audley, poursuivit Robert, et le moment est venu où j’ai dû vous parler ouvertement. Pensez-vous que les moyens dont vous vous êtes servie pour