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LES OISEAUX DE PROIE

Après s’être abandonné pour un moment à cette expansion, il quitta brusquement sa fille, comme s’il se fût rappelé tout à coup ses devoirs de gentleman, prit une pose, se découvrit, et salua Mlle Halliday et George,

« M. Sheldon… je présume ?… fit-il.

— George Sheldon, répondit celui-ci. Mon frère Philippe est au salon. Tenez, le voilà qui nous regarde. »

Comme il disait ces mots, Philippe fit son apparition dans le jardin. C’était par une de ces chaudes soirées dans lesquelles la plus délicieuse des villas est une étuve ; aussi dans les jardins environnants voyait-on quantité de gens qui se promenaient nonchalamment. Sheldon venait voir quel était le gentleman qui venait d’embrasser la compagne de sa fille. Le capitaine saisit ce moment pour se présenter, lui et son ami Haukehurst. Cela fait, Sheldon et le capitaine se mirent sans façon à causer tous deux pendant que les deux jeunes filles suivaient lentement l’allée sablée, Valentin marchant à côté d’elles. George les suivait, et, tout en mâchant une tige de géranium, il se reportait aux obscurs souvenirs qu’il avait récemment provoqués chez les vieux habitants au sujet de ses recherches généalogiques sur les Haygarth.

Les deux jeunes filles se promenaient à la mode de la pension ; le bras de Charlotte passé autour de la taille de son amie : l’une et l’autre étaient vêtues de mousseline blanche, et dans la demi-obscurité de cette soirée d’été, on eût pu les prendre, avec un peu d’imagination et de bonne volonté, pour deux sylphides. Haukehurst se sentait transporté dans une atmosphère toute nouvelle en se voyant dans ce jardin avec deux blanches robes à son côté. Il lui semblait que Diana, entourée par