Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
LES OISEAUX DE PROIE

des montagnes, sur les forêts, les plaines. Je soupire… le cœur me bat, en pensant au comté d’York… moi, le badaud de Londres, l’enfant de Temple Bar, dont l’enfance s’est passée au son des cloches de Saint Dunstan et de Saint Clément-le-Danois. Le comté d’York, n’est-ce pas le lieu de naissance de ma Charlotte ?

« J’ai hâte de connaître un pays qui produit d’aussi radieuses créatures.


CHAPITRE III

L’ARCADIE

« 1er novembre. — Me voici à Huxter’s Cross. J’y demeure. J’y suis depuis une semaine. Je voudrais y passer toute ma vie. Oh ! ma raison, reviens à moi pour quelques heures, afin que je puisse écrire le récit de cette bienheureuse semaine ; rends-moi le sentiment des affaires, le souvenir de Sheldon, pendant cette pluvieuse après-midi, et je te permets de me livrer ensuite tout entier à ma félicité et à ma folie. Calmez-vous, battements de mon cœur ; calme-toi, calme-toi, cœur faible, cœur d’enfant, qui viens de passer un nouveau bail de jeunesse et de déraison avec la belle, la riche, la terrible Charlotte.

« Tombe ! tombe, ô pluie ! Le jour est sombre, froid ; la vigne est collée contre les murs décrépits, et chaque souffle du vent fait tournoyer les feuilles mortes ; mais toutes ces tristesses n’éveillent aucun écho dans mon âme ; je la sens contente et légère, oublieuse du passé,