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LES OISEAUX DE PROIE

mourra vieille fille, vous savez, et maintenant me voilà engagée. Quant aux dîners, maman, M. Sheldon peut bien les garder tous pour lui et ses amis de la Cité. Valentin ne se soucie pas le moins du monde de la soupe à la tortue. Si vous voulez consentir seulement à ce qu’il nous fasse quelquefois une petite visite dans l’après-midi… une fois par semaine ou deux… pendant que vous et moi serons à notre ouvrage avec Diana dans le salon et lui permettre de nous apporter nos tassés au thé de cinq heures, il sera le plus heureux des hommes. Il adore le thé. Vous le laisserez venir, n’est-ce pas, mère chérie ? Oh ! maman, il me semble que je fais comme les bonnes quand elles demandent la permission de recevoir leur jeune homme. Voulez-vous permettre que mon jeune homme vienne prendre le thé avec nous ?

— En vérité, Charlotte, je ne sais ce que je dois faire, dit Mme Sheldon, plus hésitante que jamais ; vous me mettez dans une position très-délicate et même très-effrayante.

— Tout à fait épouvantable, n’est-ce pas, maman ? Mais il me semble que c’est une position dans laquelle doivent s’attendre à se trouver tôt ou tard les personnes qui ont le malheur d’avoir des filles.

— S’il ne s’agissait que de lui faire la politesse d’une tasse de thé, poursuivit la pauvre Georgy décontenancée par la pétulante interruption de Charlotte, je ne m’y opposerais pas, Certainement. Je suis, jusqu’à un certain point, l’obligée de M. Haukehurst, puisqu’il a eu la gracieuseté de me donner maintes fois des billets de spectacle, mais ce n’est pas cela, Charlotte, vous savez bien que la question dont il s’agit n’est pas seulement qu’il vienne à notre thé de cinq heures, mais de savoir si vous devez être engagée avec lui.