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LES OISEAUX DE PROIE

pauvres, si un homme qui paie régulièrement ses impositions peut être persécuté ainsi. »

Puis, après s’être soulagé par ces réflexions, Sheldon examina la question sous un point de vue différent.

« Il faut que je m’arrange d’une manière quelconque pour rester en bons termes avec Nancy, cela est évident, car il est dangereux d’avoir une femme bavarde pour ennemie. Je pourrais décemment pourvoir à son entretien hors de chez moi pour quelque chose comme une livre par semaine ; ce serait une manière assez économique de régler tous mes vieux comptes. Mais je ne suis pas certain qu’il soit prudent d’en agir ainsi. Une vie d’oisiveté pourrait développer chez Nancy ses dispositions naturelles au bavardage ; et le bavardage est ce que j’ai surtout besoin de supprimer. Non, au fait, cela ne vaudrait rien.

Pendant quelques instants Sheldon médita en silence en fronçant de plus en plus les sourcils ; puis tout à coup il frappa de la main sur la table recouverte en maroquin et exprima sa pensée tout haut.

« J’en courrai le risque ; dit-il ; elle entrera à la maison et surveillera mes intérêts en surveillant de près Charlotte. Non ! un mariage secret ne se fera pas ! Non, mon ami Valentin, vous pouvez être un habile homme, mais vous n’êtes pas tout à fait assez habile pour l’emporter sur moi. »

Quand il fut arrivé à cette conclusion, Sheldon écrivit quelques lignes à Nancy pour lui dire de venir le voir à La Pelouse, le lendemain.