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LES OISEAUX DE PROIE

rencontrer là quelque citoyen qui se rappelle quelque contemporain de Matthieu. Londres était à cette époque aussi grand qu’aujourd’hui, et les hommes passaient leur vie entière dans un ministère, ce qui leur donnait tout le loisir nécessaire pour s’occuper des affaires de leurs voisins. Ayant maintenant une sorte de guide pour me diriger dans mes recherches sur la jeunesse déréglée de Matthieu, j’en suivrai la trace avec le plus grand soin. Je poursuivrai mon enquête métropolitaine pendant que vous continuerez vos investigations provinciales, et, agissant simultanément, nous pouvons espérer aboutir avant peu. Pour ce qui vous concerne, je suis d’avis que vous alliez de l’avant sur la piste de la branche des Judson. Vous devez vous rappeler que l’unique sœur de Matthieu était une Mme Judson, de Ullerton. Je préférerais trouver un héritier légal venant en ligne directe de Matthieu, et ma théorie sur ce point vous est connue. Mais si nous échouons dans cette direction, nous serons bien obligés de nous retourner vers les Judson, qui forment une ligne désespérément compliquée, laquelle exigera peut-être la moitié d’une vie d’homme pour être démêlée, sans compter que d’autres que nous peuvent avoir entrepris la même affaire et dans le même sens, à savoir la branche féminine de l’arbre des Haygarth.

« Il faut que vous tentiez de découvrir quelques descendants des Judson, afin de mettre la main sur des preuves nouvelles : anciennes lettres, inscriptions sur des vieux livres, etc. Que Matthieu eût un secret, cela est certain, et qu’il ait été disposé à le révéler à ses derniers moments, cela est non moins certain. Qui peut savoir s’il ne l’a pas confié à sa sœur unique, bien qu’il n’ait pas osé le dire à sa femme ?