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adolphe brassard

Et les astres ne changent pas leur cours, et les éléments obéissent aux lois de la nature. Le soleil salue le jour. La lune salue la nuit. Suivant les saisons, le vent est chaud, ou doux, ou glacé. Le pouvoir de la nature reste entre les mains de Dieu ; celui de la terre est accaparé par les hommes dont l’orgueil remplace la sagesse. Nous pataugeons dans un pitoyable gâchis. Les bombes incendiaires éclairent notre marche pesante, et une forêt de croix blanches avance derrière nous et nous pousse, traqués, vers des horizons grouillants de casques à pointe. D’un côté comme de l’autre, nous combattons pour conquérir du terrain afin d’agrandir nos cimetières. De la terre pour recouvrir les cadavres ça devient un luxe. Nous combattons par pitié pour nos morts.

***

Une partie de notre bataillon est prise dans un cul-de-sac. Toutes commu-