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les mémoires d’un soldat inconnu

rale, il y a de l’argent à organiser et à faire durer la guerre !

Dans mon pays, où la vigilance des pasteurs veille sur les âmes, on me montrerait comme un danger. Toujours et encore on aurait raison. Celui qui n’est que souillure fait de sa vie une occupation de souiller autrui : c’est son but le jour, c’est son but la nuit. Faire succomber, c’est son contentement et sa satisfaction. Mais la déchéance du cœur, est-ce que ça compte quand il y a tant d’argent à organiser et à faire durer la guerre ?

Mais dans mon cher pays, ma bien-aimée province, où la croix des clochers bénit les horizons ; où les tombes connaissent la rosée de l’eau sainte ; où le cœur prie et l’âme médite, je demande aux vertus agenouillées sur les pierres des cloîtres, sur la dure des cellules monastiques, sur les dalles des sanctuaires, sur le sol d’où germe le froment, de prier pour moi. Je ne sais plus prier. Tout ce qui me reste de foi c’est le sou-