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adolphe brassard

vient de plus en plus nerveux à mesure que nous nous approchons du front. Je crains qu’il ne commette quelque folie, et je tente une plaisanterie, mais elle tombe à plat comme un copeau.

Avant de descendre pour le dernier arrêt, je le secoue rudement. Et blagueur autant que le permet ma poitrine qui se serre :

— Allons, c’est d’ici que nous partons à la cueillette des lauriers.

Il répond sans se retourner :

— Je compatis au condamné que l’on éveille pour l’échafaud. Le cercle que tu sais autour de moi se rétrécit ; mais avant que tout devienne noir, flou, silencieux, il y a une trouée fulgurante.

Il emboîte mon pas. Au bout d’un certain temps, je manœuvre pour le placer devant moi afin de le mieux surveiller.

***

Quarante-huit heures de repos, et, cette fois, nous partons pour la ligne de