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Étienne raconta alors dans le détail tout ce qui s’était passé depuis son entrevue avec Joachim Bruteau, jusqu’à sa rencontre avec Sœur Véronique.

Jeanne était entrée pendant la révélation d’Étienne, elle se tenait appuyée à l’épaule de son mari, et pleurait.

— Mes chers amis, consolez-vous, rassurez-vous, je ne viens pas vous enlever celui que vous aimez. Mon amour n’est pas égoïste, il s’ajoutera au vôtre : la famille de Paul s’agrandira sans se diviser. Mon fils vous appartient, nobles cœurs, moi je me donne à lui.

— Nous serons à l’aise tous trois dans ce cœur généreux, murmura Eustache.

Eustache et Jeanne parlèrent longuement de leur fils d’adoption, de ses études, de ses succès, de son mariage. Mais le cousin d’Étienne ne voulut pas dévoiler son secret sur l’heure douloureuse vécue par Paul lors de l’incident du collège. À quoi bon affliger inutilement Jeanne et Étienne en parlant d’une chose qui n’avait plus sa raison d’être. Il ne se doutait pas que son silence qu’il croyait généreux, dût apporter au jeune homme une souffrance semblable, sinon pire, que celle déjà endurée.

À la demande de son mari, Jeanne alla chercher le paquet de vêtements apporté de la Crèche et qui n’avait jamais été défait. Elle le déposa devant Étienne.

— Il vous appartient de l’ouvrir, mon ami, dit-elle.

— Je ne sais ce qu’il contient, dit Étienne, en touchant le paquet jauni avec des gestes pieux. Parmi le linge brodé, initialé au nom de Gilberte et au mien,