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devant lui, le temps ne te dure pas trop, sœurette, durant tes longues journées ? Paul s’absente souvent ?

— Oui, ses affaires le veulent ainsi, il doit s’absenter…

— Pourquoi…

Alix toisa son frère, et hautaine :

— Gilles, ta question n’est pas de toi.

— Oui. Et ma réponse aussi : Paul te fuit.

— Je ne te reconnais pas le droit de me parler ainsi, dit-elle irritée.

Sans se déconcerter, Gilles poursuivit :

— Et moi, je ne te demande pas la permission pour continuer. Qu’y a-t-il entre Paul et toi…

Le coup était trop direct, et, disons-le, osé.

Alix se leva indignée.

— Ma porte t’est ouverte, Gilles, mais n’abuse pas !

— Oh Alix, excuse-moi, j’en conviens, j’ai été trop loin…

Devant la mine consternée de son frère, Alix eut pitié ; et pour ramener la conversation sur un sujet moins épineux, elle la fit dévier en se servant un peu de ce qui la composait pour l’aiguiller dans une autre direction.

— Sache donc, mon pauvre Gilles, que tu serais un piètre médiateur dans ce qui pourrait exister entre Paul et moi. Tes qualités de joli garçon te servent mieux pour organiser une sauterie, et distraire les dames et demoiselles à un thé. Et parlant thé, n’oublie pas de venir à celui que je vais donner la semaine prochaine.