Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 145 —

— Et toi, de quel droit m’interroges-tu ! s’écria-t-elle, laisse-moi la paix ! Et pour le bénéfice de ton enquête, si tu veux la continuer, adresse-toi donc maintenant à l’autre intéressé.

— Petite sœur, je t’en supplie, ne biaise plus, ouvre les yeux, brise la chaîne de ton orgueil avant qu’elle ne t’ait attachée à un irréparable malheur.

Alix très pâle ne bougea pas. Gilles continua persuasif :

— Détruis ton orgueil comme j’ai détruit le mien, chasse ce vil défaut, j’en choyais un tout pareil, il m’a mal servi, il m’a fait blesser profondément autrefois, celui que je défends aujourd’hui. La scène de la cour du collège me poursuivit assez longtemps pour me corriger. Mais il y a une peine due au péché et que l’on doit à l’offensé : j’ai demandé pardon à Paul.

— Toi ! Quand ça ?

— Le jour de votre mariage. En plus que je lui devais cette réparation, je ne voulais pas être en reste avec l’amitié fraternelle qu’il ne me marchandait pas.

— Et… il t’a pardonné…

— De grand cœur. D’ailleurs l’affaire remontait loin. Peut-être Paul l’avait-il oubliée, mais au bal du Château, un peu gris, je me suis chargé de la lui rappeler, si tu t’en souviens.

S’en souvenir ! Alix revécut la scène avec une rapidité effarante. La Terrasse, l’aveu, l’affront. Puis la salle de bal, le couple qu’ils formaient sous la lumière. Elle ressentit l’étreinte brutale de Paul. Elle revit le sourire mondain du jeune homme qui accompagnait les mots mordants et insultants. Une phrase entre