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— Je reviendrai souvent te voir, Alix. Dans tout ceci j’ai ma part de responsabilités. N’est-ce pas moi, qui, en te remettant en mémoire le fait se rapportant à la naissance de Paul, t’ai permis de le frapper ?

— Ne t’accuse pas, je suis seule coupable. Lorsque je lançais l’affront à Paul, j’étais loin d’être certaine de ce que j’avançais ; j’ai agi par méchanceté.

Vaillante, Alix allait l’être ; seulement, ce soir-là, elle n’eut pas la force de se montrer devant son mari. Elle le pria de l’excuser. Retirée dans son appartement, elle refusa les services de sa femme de chambre et pria qu’on la laissât seule. À Paul qui fit demander de ses nouvelles, elle fit répondre que son malaise était léger.

Elle se coucha aussitôt.

À l’abattement qu’elle éprouvait, succéda bientôt un repos absolu. Pour avoir détruit ce qui avait atrophié ses facultés de cœur et d’esprit, Alix les vit renaître, belles et consolantes. Un regret immense, une contrition parfaite, lui fit demander pardon à Dieu qu’elle avait offensé dans l’homme qu’elle avait fait souffrir.

Calmée, Alix ne voulut penser à rien et se laissa couler dans un sommeil profond. Une lampe mettait autour de la jeune femme une lumière rose, que l’aurore vint blanchir sans éveiller celle qu’elle auréolait. Un large rayon de soleil obstinément, attaché au lit de la dormeuse eut raison des paupières closes. Toutes les impressions de la veille attendaient Alix à son réveil. Elle les reçut dans le recueillement, mais comme la lèvre va à la plus belle des fleurs, elle sourit à son