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Son fils, cet homme, là, devant lui et qui souriait avec des yeux semblables à ceux de Gilberte… Son fils, cet homme pourvu de tous les dons du cœur et d’un physique parfait. La chair de sa chair, il venait, de lui ce corps bien fait. Il eut un choc au cœur, et un désir presque sauvage d’étreindre cette poitrine qui se dressait à la hauteur de la sienne s’empara de lui. Mais ses bras déjà levés, retombèrent, il dut s’asseoir, les jambes fauchées par l’émotion.

Par la voix du sang, Paul ressentait ce qu’éprouvait son père et les marques de son trouble étrange apparaissaient sur sa figure.

— Veuillez m’excuser, reprit Étienne, vous comprendrez mon émoi, lorsque vous saurez ce qui m’amène ici…

— Je connais l’épreuve de votre vie ; revoir les lieux, les gens qui en furent témoins, expliquent l’état de votre âme… Mais, dites-moi, pourquoi êtes-vous resté si longtemps loin des vôtres…

— Vous ne pouvez comprendre comment la souffrance pousse parfois à se cacher, vous qui ne connaissez que la joie et le bonheur.

— Qu’en savez-vous ! ne put s’empêcher de s’écrier Paul.

— Vous ne seriez pas heureux… Ah, confiez-moi votre peine !…

Cette demande pourtant déplacée, surprit à peine le jeune homme. Allons ! à quoi pensait-il donc devant cet étranger… Il reprit poliment. :

— Si vous me disiez le but de votre visite.

Et il ajouta :