Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/168

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pourtant, elle retentit implacable lorsqu’elle parvint de nouveau à ses oreilles.

— Non, Paul n’est pas votre nom… c’est Georges-Étienne…

— Georges-Étienne !… Étienne, c’est votre nom… Qui êtes-vous donc ?…

— Inutile de te le dire… Tu le sais… Mon enfant…

Une force mystérieuse poussa Paul vers cet homme qui lui tendait les bras, mais au lieu d’aller à lui, il resta cloué sur place, et ses épaules se courbèrent.

— Paul, mon petit… balbutia Étienne pétrifié dans son élan vers son fils.

Paul se redressa, et d’un mouvement brusque se jeta derrière son bureau-table.

— Mon petit, répéta la voix altérée d’Étienne, je…

Mais Paul, méconnaissable, lui coupa la parole.

— Vous ! C’est vous mon père !… Je vous crois… Tout en moi me le dit, s’écria-t-il avec un mélange de douleur et de colère. Oh, n’approchez pas ! N’approchez pas !… Laissez-moi me ressaisir. Je pourrais vous frapper avant de vous serrez sur mon cœur… Pourquoi êtes-vous venu ! J’avais donné au lâche auteur de ma misérable vie, des traits qui m’aidaient à le mépriser, et aujourd’hui que je vous ai vu, votre figure si douce emplit mon âme… Je voudrais l’en chasser, je l’appelle… Je voudrais la haïr, je l’aime… J’ai su que vous aviez pleuré une épouse bien-aimée, pourquoi avez-vous sali son amour vénéré par un amour coupable qu’il vous eût été si facile de légitimer. Oh, pourquoi avant de partir pour vos régions de glace,