Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 166 —

— Papa ! murmura le fils de Gilberte.

Étienne conduisit le jeune homme près du divan, et le fit asseoir à ses côtés.

Alors dans tous les détails, le père raconta à son fils le drame de sa vie.

Paul écoutait comme dans un rêve, cette voix qui parlait presque bas.

Un silence impressionnant suivit la narration.

— Et moi qui ai blasphémé, soupira Paul.

— Rien de ce que tu as dit n’a effleuré ni la mémoire de ta mère, ni la mienne. Tu t’es attaqué aux êtres fictifs que tu croyais responsables de ta naissance. Mon fils, tu as ma fierté. Je conçois ce que tu as pu souffrir. Dis-moi, comment as-tu découvert ce que tu croyais être ?

Paul relata l’incident du collège.

— As-tu été souvent humilié dans la suite ?…

— Une fois ; ce fut atroce ; on détruisit ma vie… Mes parents adoptifs, par leurs bontés, m’avaient presque fait oublier mon origine, « Elle » me l’a rappelé. Il raconta alors ce qui s’était passé entre Alix et lui.

— Et tu l’aimes toujours en dépit de ce qu’elle t’a dit…

— Oui, pour mon malheur…

— Ne dis pas cela, espère plutôt. Un amour comme le tien peut vaincre bien des obstacles.

— Comment connaissez-vous à quel degré je puis aimer ?

— Ton amour, il est plus fort que toi, il te possède en entier, il fut foudroyant… il ne cessera qu’avec