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Ce fut mademoiselle Eulalie qui ouvrit la porte à l’architecte, lorsqu’il se présenta. Après avoir souhaité la bonne année au jeune homme, tante Eulalie lui dit :

— Alix vous attend au salon, veuillez m’excuser, je suis fort occupée à ma correspondance.

Paul entra dans la pièce désignée. Alix vint au devant de lui.

— Bonjour, Alix, dit-il.

— Bonjour Paul… et bonne année.

— Vous pareillement, fit-il en ébauchant, un sourire.

— Le paradis à la fin de vos jours, ajouta-t-elle en tendant la main.

Il porta les doigts blancs à ses lèvres.

— Vous pareillement.

— Nous avons pris une vieille formule pour échanger nos souhaits, poursuivit-elle, mais nous avons oublié une partie importante du cérémonial.

— Bien des choses s’oublient de nos jours, répondit-il en pâlissant.

— Volontairement ?

— Peut-être…

Posant ses mains sur les épaules de son mari, Alix leva son visage vers lui, et dit, courageuse :

— Un oubli se répare, je suppose, et… un cadeau promis doit se donner. Appellerez-vous ainsi le baiser que je vous offre…

Il la regarda un moment, troublé, puis lui donna un baiser si violent, qu’elle fit un mouvement pour se dégager. Il la libéra d’un geste ferme.