Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 192 —

— Pardonne-moi, Gilles, je n’ai voulu que te taquiner, je suis désolée.

Béatrice était foncièrement bonne sous le couvert de sa légèreté plus feinte que réelle.

— Ne parle jamais de cet incident devant Alix, veux-tu ?

— Je te le promets de grand cœur.

— Merci.

— À présent, retournons à nos places ; tu as les cigarettes ?

— Oui, j’en ai pris tout à l’heure en passant près du buffet.

Alix accueillit les deux jeunes gens avec un sourire, et Luce dans une pose de sphynx.

— Voici tes cigarettes préférées, Luce, dit Béatrice, en donnant une boîte argentée à l’élégante veuve.

— Tu es gentille. Qui en veut ? Vous, madame Bordier ?

— Non, merci.

— Monsieur de Busques ?

— Volontiers.

— Béatrice ?

— Je ne fume pas.

— C’est vrai, où ai-je l’idée, comme si une catéchiste pouvait se permettre l’abus du tabac. Et nous ramènes-tu un pécheur converti, vertueuse enfant ? Tu n’oublies pas que ton aparté avec monsieur de Busques avait pour but de le confesser. A-t-il le ferme propos ?

— Oh, sa contrition n’a pas eu cette spontanéité qui fait pleurer en oubliant de se cacher le visage dans son mouchoir, tu sais.