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affectée, c’est si loin… D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que je devais divorcer, si Alex n’avait pas eu la bonne idée de tourner l’œil.

— Seulement, divorcée, on n’est pas libre de se remarier chez nous, remarqua Béatrice mécontente d’avoir manqué sa petite comédie.

— Pas libre ! Tu es vieux jeu ma chère ; je ne suis pas arriérée comme toi, à preuve que lorsque j’ai pris mon instance en divorce, le choix de mon deuxième mari était fait.

— Avouez, madame, fit Gilles narquois, que votre élu ne s’est pas pressé de répondre à votre appel.

— Rien ne prouve que je l’ai appelé. Et voulez-vous savoir ce qui est arrivé ? mon adoré s’est marié avec une autre…

Et elle se mit à rire.

— Je n’ai pas à t’offrir de sympathies, dit mademoiselle Vilet, l’incident te semble négligeable.

— À peu près. Je viens d’apprendre que ce mariage ne durera pas six mois ; alors le pauvre déçu me reviendra, fit-elle, sans pouvoir s’empêcher de jeter un coup d’œil à madame Bordier.

Les œillades que madame Lebrun dirigeaient sans cesse du côté d’Alix, finirent par intriguer cette dernière. Les propos équivoques de la veuve lui mirent soudain à l’esprit une idée si invraisemblable, qu’elle la rejeta, mais elle revint et s’implanta : Luce Lebrun convoitait son mari. Alix n’ignorait pas la flamme de Luce pour l’architecte au temps où il était garçon, et ce feu-là ne serait pas éteint ?…