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à sa sujette d’appuyer sa main brune au bras de son souverain.

Alix exécuta une révérence à l’antique.

— Sire, dit-elle, je suis très honorée, et… très fatiguée. Je réclame le privilège de retourner dans ma chaumière.

— Pas avant un tour de danse, fit le roi en riant.

— Sa Majesté insiste peut-être pour son malheur ; qui lui dit que sous mon apparence honnête, je ne cache pas une férocité d’anarchiste…

— Qui vous dit, reprit-il sur un ton de confidence, que la couronne que je porte, m’appartient bien. Si vous me frappiez, vous recevriez une récompense du véritable roi régnant qui ne demande pas mieux que de se débarrasser de tous les prétendants à son trône, dont je suis du nombre.

Alix fut cruellement remuée par ces mots. Ils lui mettaient trop en mémoire un souvenir affreux. Elle parvint à dire à peu près calme :

— Je suis réellement fatiguée, et je ne veux plus danser ce soir, veuillez m’excuser, monsieur.

Alors comme le roi insistait, un archer intervint. Il s’était approché pendant le court dialogue. Aux paroles du pseudo-roi, il avait regardé la paysanne, et à peine ses yeux se furent-ils posés sur elle, qu’il tressaillit.

— Sire, dit-il avec effort, vous êtes fait pour commander, mais pour une fois obéissez à l’enfant des champs. Retournez à votre palais, ou… je ne réponds pas de mes flèches.