— Ah la brute ! cria Gilberte, il ne prête pas secours à sa victime. Oncle Joachim, appela-t-elle, vite, venez donc, un accident !
Joachim Bruteau montra sa tête par la fenêtre.
— Que dis-tu ? Un accident, où ça ?
— Sur la route… Une automobile a frappé une voiture…
— Une voiture, hé hé, je vais envoyer mes domestiques, ça les amusera. Jean, Conrad, ordonna-t-il, mademoiselle Gilberte a besoin de votre aide dans le chemin en face de la maison. Un écervelé vient de se briser les os, paraît-il.
Mais Gilberte n’écoutait plus. Elle courait, compatissante, là où la charité lui commandait d’aller.
Le cœur battant, la jeune fille avançait rapidement. Qu’allait-elle trouver, un mort ? un blessé ?
Sur le lieu de l’accident, elle aperçut un homme assis sur le remblai, et qui essuyait de son mouchoir son front ensanglanté. Elle s’approcha vivement de l’inconnu :
— Vous êtes blessé, monsieur, laissez-moi vous panser. Y a-t-il d’autres personnes avec vous ?
— Non, je suis seul, heureusement.
Avec des gestes adroits, Gilberte banda le front meurtri.
— Et maintenant, monsieur, voici nos domestiques, pourrez-vous marcher avec leur aide ?
— Oh oui, je le crois, merci… Quel choc !
— Mes amis, dit Gilberte aux employés de son oncle, aidez donc ce monsieur à se rendre à la ferme,