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CHAPITRE xviii

Pendant que nos amis laissaient filer les heures à Percé, Paul Bordier, assis à sa table de travail, ce jour-là, relisait la lettre de sa femme, et sa lecture l’affolait.

— Alix me prie de la rejoindre en Gaspésie, pourquoi cette fugue ? Mon père et Gilles sont là aussi, ça ressemble à un conseil de famille…

L’idée d’une demande en séparation de la part de sa femme se présenta soudain avec une telle force devant l’architecte, qu’il bondit de son siège, et se mit à marcher de long en large comme une bête en cage.

— Ohé ! Alix va me quitter, et je ne puis rien…

Une rage le saisit. Il sentait un besoin de tordre ses muscles sur quelque chose d’impossible à remuer, un rocher, une montagne ; de se battre avec n’importe quoi, homme ou chimère.

— Mon corps crie à la lutte, bégaya-t-il, eh bien, il l’aura ! Je vaincrai mon amour inutile… Je l’arracherai où il se cramponne… Je l’écraserai et marcherai dessus victorieux… Alix veut sa liberté, soit, je serai un homme libre aussi… Je prouverai à ma femme que ces mois de séparation m’ont été aussi salutaires qu’à elle.