Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 247 —

— Je m’y attendais puisque je gardais une bague pour fin d’engagement, en permanence dans mon porte-monnaie. Béatrice l’ayant, vue, me l’a demandée, et voilà ! acheva-t-il en saluant son amie d’enfance. Oh, et parlant mariage, ajouta-t-il, madame veuve Luce Lebrun est à la veille de convoler ; Gaston Bendel de passage ici hier soir, m’a assuré la chose.

— Qui épouserait-elle ? demanda Alix intéressée et soulagée de savoir cette femme enfin casée.

— Un de ses anciens admirateurs. D’après Bendel, la belle rousse se serait subitement assagie à la suite du voyage qu’elle fit à Lucerne-en-Québec l’hiver dernier, et où elle fut l’héroïne de la détestable aventure que voici :

Donc lors de son passage à Lucerne-en-Québec, Luce fit la connaissance de Richard Wills, un magnat de l’huile du Texas. À la vue de la québécoise aux cheveux d’incendie, le fils de l’Oncle Sam tomba foudroyé d’amour à ses pieds. En moins de trois semaines, Luce montrait à tous ceux qui le voulaient ou non, une énorme bague, où étaient encloses les promesses Canado-Américaines. Richard couvrit sa dulcinée de superbes breloques. Luce, triomphante, se laissait parer en établissant une désobligeante comparaison entre le pauvre chat de gouttières qu’avait été son premier mari, et le généreux matou de gratte-ciel qui allait être son deuxième. La corbeille de noces débordait comme une corne d’abondance, quand vinrent y tomber quatre petits billets d’aspect inoffensif, mais dont chacun contenait un avertissement à la fulmicoton. Ces billets venaient des quatre femmes divorcées du yankie. Ces dames mettaient charitablement la future cinquième