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CHAPITRE ii

Huit jours après son accident, Étienne Bordier revint à la ferme Bruteau. En le voyant arriver, le vieux Joachim, qui avait à peu près oublié son hôte passager, fut désagréablement surpris. À la salutation du jeune homme, il le toisa et répondit hargneux :

— Ah çà, avez-vous pris une nouvelle culbute ?

Sans se déconcerter par cet accueil impoli, le jeune Bordier reprit courtois :

— Non, monsieur, mais je remercie le ciel de celle que j’ai faite.

— De quelle façon calculez-vous avoir été favorisé par le ciel dans cette affaire ?

— Elle m’a permis de rencontrer une délicieuse personne, dit-il en souriant. Monsieur, me serait-il permis de présenter mes hommages à mademoiselle Mollin ?

Le vieux Joachim regarda, stupéfait, son interlocuteur, et soudain il blêmit de colère. Il venait de comprendre les prétentions du jeune homme. Il eut un rire sec et outrageant.

— Hé, hé, monsieur Bordier, ma nièce n’a que faire des attentions d’un freluquet de votre espèce. Vous êtes pressé ? ne perdez donc pas votre temps.