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femme, l’amour si tendre du père pour l’enfant qui allait naître.

Gilberte, aidée de tante Marie, confectionnait, du linge pour le cher petit qu’elle attendait. Layettes et couvertures s’empilaient.

Un jour que la jeune femme travaillait au trousseau, elle montra à sa parente le manteau terminé.

— Voyez, dit-elle, à l’envers de cette collerette festonnée, j’ai brodé les initiales de mon mari. Étienne ne sera pas ici pour porter son enfant sur les fonts baptismaux, ajouta-t-elle angoissée, mais son nom marqué sur le vêtement qui recouvrira le cher mignon, sera une caresse du père lointain. Ah, combien je désire de plus en plus, chaque jour, la présence d’Étienne auprès de moi…

— Gilberte, ne vous désolez pas, dit la bonne tante Marie en embrassant la future maman. Bientôt à notre joie d’être mère, se mêlera celle du retour prochain de votre mari.

Et pour distraire Gilberte de sa tristesse, l’excellente femme se mit à parler du bel avenir qui s’en venait. Puis, souriante, montrant les lettres brodées :

— Que n’ajoutez-vous vos initiales, Gilberte, accouplées à celles d’Étienne, elles doubleraient la caresse au petit durant la cérémonie à l’église, car, croyez-vous que vous pourrez accompagner votre enfant au baptême ?

— Vous avez raison, fit Gilberte émue.

La maternité prochaine de Gilberte laissait le vieux Joachim indifférent. Pourtant, parfois un éclair sinistre traversait ses yeux chassieux. Que se passait-il