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Et alors féroce, grimaçant :

— Sauve-toi Bordier ! je saurai te trouver plus tard quand ton fils aura vingt ans, disons. En attendant que j’avive ta souffrance, pâtis ! pâtis ! pâtis !…

La pluie qui fouetta Étienne lorsqu’il sortit de la maison ne parvint pas à rafraîchir son front brûlant, et dans son cerveau affolé, une seule pensée surnageait : fuir ! s’éloigner pour toujours du lieu de son calvaire.

Il héla son chauffeur.

— Mettez votre moteur en mouvement, ordonna-t-il, je repars avec vous.

Sans chercher à revoir qui que ce soit des siens, Étienne Bordier signa un nouvel engagement pour les régions polaires, d’où il venait d’arriver, et alla cacher son inguérissable souffrance dans ces terres de glace, où la bise et les bêtes sauvages ne sont pas plus cruelles que le destin et certains cœurs humains.