Aller au contenu

Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE v

Au grand cadran du temps, douze années ont sonné. Paul Bordier est maintenant un bel adolescent de dix-huit ans. Il est élancé et bien découplé. De figure, il ressemble à sa mère, l’infortuné Gilberte, mais ses cheveux ainsi que ses yeux, sont très noirs, comme ceux de son père. Au moral, il a hérité de ses parents, un alliage de droiture et de bonté. Nature sensible et aimante, il adore ceux qui l’ont élevé, car il sait qu’il n’est que leur fils d’adoption. De sa petite enfance, il se rappelle vaguement un grand couvent, et des sœurs habillées de noir, la figure douce sous la cornette blanche.

Il va sans dire qu’Eustache et sa femme ont changé pour leur fils le nom de la Crèche, en celui d’Orphelinat. Paul se croit un orphelin, et témoigne une reconnaissance sans borne à ceux qui l’ont recueilli.

Studieux, appliqué, d’une intelligence remarquable, Paul achève ses études classiques ; et suivra, celles-ci terminées, un cours d’architecture à l’Université.

Eustache et Jeanne sont fiers de ce fils si affectueux, si délicatement prévenant. Jamais ils n’ont eu à se repentir de leur bonne action, et si le mérite en