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épaule là, repose-toi, ne pense à rien. Demain, nous reparlerons de cette affaire qui t’afflige sans raison.

Le jeune homme échappa à l’étreinte paternelle, et debout, il laissa tomber de ses lèvres tremblantes :

— Vous ne faites qu’éluder mes questions. Je vous supplie de me donner les documents qui me concernent.

Et devant le silence de son père, il éclata :

— Vous ne répondez pas ! Vous ne pouvez pas me remettre ces papiers ! Parce qu’ils n’existent pas !

— Mon petit, tu es le fils de mon cœur, viens dans mes bras, oublie l’affront, oublie le passé…

— Alors je suis cela ! fit-il avec un geste qui voulait éloigner quelque chose de répugnant, je suis l’enfant de la honte !

— Tu es tout ce que j’aime de plus au monde, et ta mère t’adore.

L’aspect du jeune homme devint effrayant.

— Je t’en supplie, Paul, reviens à toi, tu me tortures, calme-toi…

— Me calmer… je le voudrais… je ne puis… Vous voir affligé me fait, oh si mal… Et puis, ce que j’endure… Je souffre… Je souffre ! Ah que je souffre !

Devant cette douleur atroce à voir, Eustache eut un élan de tout son cœur. Prenant son fils dans ses bras, il le serra avec amour sur sa poitrine.

Paul se laissa faire. La tête renversée, il ne bougeait pas, anéanti. Mais bientôt, avec un effort ferme et doux, il se dégagea.