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— Tiens, des danseurs en maraude, allons les trouver !

Mais il interrompit ses propos galants, et porta une main molle à son chapeau de soie en disant :

— Ah mais, c’est toi Alix ?

Alix, maîtresse d’elle-même, cachant l’humiliation qu’elle venait de subir sous son masque mondain, présenta Paul Bordier au nouvel arrivant :

— Gilles de Busques, mon frère, monsieur Paul Bordier.

— Comment, Bordier ! ce vieux compagnon de collège que j’ai perdu de vue depuis cinq ans…

— Lui-même, répondit Paul froidement.

— En voilà une rencontre ! Quand on ne se voit pas souvent, la première chose à faire en s’apercevant est de se rappeler ses souvenirs, n’est-ce pas ? Te souviens-tu de ma bataille avec Dorval dans la cour du collège, la veille des vacances de notre dernière année de philosophie ?… Ce que j’avais eu le don de te mater, toi, qui étais intervenu…

Paul Bordier, livide, ne se tenait debout que par un effort héroïque de volonté.

— Comme toutes ces folies sont loin déjà, dit brusquement de Busques, soudainement dégrisé, et en prenant congé.

L’architecte sentit l’étau se desserrer : Gilles l’épargnait.

Mais ses paroles remirent à la mémoire d’Alix un fait oublié. En effet, Gilles avait conté à sa sœur son altercation de collégien. Un éclair de conquérant