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— Croyez-vous, monsieur, que les affronts doivent s’oublier ou se payer ?

— On les pardonne.

Puis continuant de sa voix chaude :

— Sur la route où nous nous sommes rencontrés, nous avons entretenu une pénible conversation qui nous a mis l’âme à nu. Mais le Christ de la croix a vu notre misère. Au pied de ce signe de réconciliation, pardonnons-nous nos offenses réciproques ; le voulez-vous comme je le désire ?

— Les mots de pardon viennent plus lentement à la bouche que ceux qui écorchent, monsieur. Vous me prenez au dépourvu, et point préparée, pour un acte qui semble vous paraître bien naturel et bien facile.

— Rien n’est difficile au cœur bien né pour…

Il s’arrêta, contrit.

Une flambée monta aux joues d’Alix.

— Vous êtes plus éloigné du talus surmonté d’une croix, que vous ne voulez le faire croire, monsieur.

— Ma phrase n’a pas été dite pour rappeler quoi que ce soit. J’ai été maladroit, veuillez m’excuser.

— Si votre phrase a pu me rappeler quelque chose, ce n’est pas ce que je voulais vous demander.

— Je vous écoute.

Devant les yeux toujours fixés sur elle, Alix baissa ses paupières, mais les relevant, elle dit provocante :

— Sous le voile d’oubli que vous voulez étendre sur tout ce qui s’est passé entre nous, mettez-vous aussi les sentiments de votre cœur à mon égard ?

— Je le voudrais… Je ne puis…