Page:Breton - Un peintre paysan, 1896.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

8o On peut rendre les gris neutres par des con- sonances muettes et pareilles, réservant, pour les éclats et les splendeurs, les contrastes et les sonorités. On peut dire un tableau sonore et une poésie lumineuse. Il y a plus, les mêmes consonances éveil- lent parfois, selon la place qu’elles occupent, comme des échos étrangers à leur sens propre et qui apportent un mystérieux complément à l’idée harmonique. On peut dire que les mots, comme les cou- leurs, n’ont pas de sens ni de valeur rigoureu- sement absolus, puisque ce sens, cette valeur, se modifient par l’influence de ce qui les pré- cède et de ce qui les suit. C’est l’éternelle loi des reflets, des antithèses, des complémentaires, loi commune à tous les arts. On voit que la peinture peut exprimer les impressions de l’âme et la poésie celles de la vision. Pas de peinture sans effets de couleurs; pas de poésie sans effets de mots. Le mouvement du rythme dessine l’allure des formes, tandis que les sonorités donnent presque l’illusion des couleurs. Mais, me dira-t-on, si tout cela constitue la poésie, que faites-vous de l’idée.^ Est-ce qu’elle