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le mystère du b 14
avait provoqué cette affaire du « Poignard de

Cristal », qui lui avait semblé si mystérieuse, qui lui avait donné tant de mal et dont il n’aurait jamais, tout seul, su débrouiller les fils enchevêtrés.

Il y avait véritablement de quoi stupéfier un homme, cet homme fût-il policier.

Mais Gladys elle-même ne savait que penser. Devant cet homme qui était arrivé comme un fou en clamant son nom, qui l’avait si étrangement interrogée, puis qui avait manifesté une telle joie, tandis que Rosic demeurait là, comme une borne, pétrifié par l’événement, elle se demandait si, tout à coup, un vent de folie ne venait pas de souffler sur la villa ou bien si tout cela n’était point un rêve incohérent et invraisemblable.

L’héritière de lord Hyton. Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Cependant W. R. Burnt s’était calmé. Sur un dernier cheer up, il était tombé sur une chaise, comme accablé par son bonheur.

Alors, Rosic, se tournant vers Gladys :

— Ma chère enfant, ce qui arrive est un véritable roman… le dénouement, d’ailleurs, de celui dont je vous parlais à l’instant même… Voici que vous venez, tout soudain, d’hériter de cent millions…

— Moi ?

— Oui, vous… Votre père, que vous avez à peine connu, n’était point, ainsi que tout le monde le croyait un cadet de famille, un officier sans fortune… Non… c’était un original qui, épousant votre mère ne lui avait pas dit qu’il était marquis de Westbury, comte de Bornstaple, baronnet de Penbroke et seigneur de mille autres lieux, lord et pair d’Angleterre, enfin riche à plus de cent millions… Et il mourut sans que votre pauvre mère connût ces choses… et sans doute auriez-vous éternellement mené une vie pauvre et obscure, tandis que l’un de vos cousins en Angleterre s’était criminellement emparé de toute cette fortune et de tous ces titres, si ce brave gentleman ne s’était mis en route pour vous retrouver et vous faire rendre ce qui vous appartient…

— Et, certes, interrompit W. R. Burnt, ce n’a pas été sans peine… Mais la plus grande douleur de cette affaire, c’est quand je suis arrivé aux Charpennes, dans ce pensionnat où Bradfort m’avait assuré que je trouverais Gladys Sweet, et que l’on m’a dit :

« Il y a près de dix-huit mois que Gladys a quitté le pensionnat. »

Véritablement j’ai cru que j’allais devenir fou ; était-ce donc en vain que j’avais fait tout ce que je venais d’accomplir. Et ces damnées religieuses qui ne voulaient pas me donner l’adresse nouvelle de la fille de mon vieux damné Bob… J’ai dû me fâcher… Et jugez de ma stupéfaction quand enfin j’ai su que Gladys Sweet était ici… chez ce brave, cet excellent Rosic… Ah !… mais ne parlons plus de tout cela… Réjouissons-nous…

Gladys comprenait… Elle se souvenait aussi… et la surprise était telle chez elle qu’elle se croyait le jouet d’un rêve… et qu’elle ne pouvait croire que soudain, et comme sous le coup d’une baguette de fée, elle devenait ainsi une des jeunes filles les plus riches du monde…

Et simplement, elle dit :

— Tant mieux si je suis riche… Ainsi pourrai-je semer beaucoup de bonheur autour de moi.


Trois jours après ces événements, une scène d’un autre genre se déroulait dans le superbe château de Putney.

Lord Bradfort, fébrile, inquiet, se promenait dans son immense parc, quand un serviteur vint l’informer qu’un visiteur venait lui demander un petit entretien.

— N’est-ce pas, interrogea Bradfort, cet homme qui est venu ici déjà vers la fin de la dernière semaine ?

— Oui, milord…

— C’est lui, fit Bradfort… S’il revient,

c’est qu’il a réussi…