Page:Brisson - La Comédie littéraire, 1895.djvu/351

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ne chicanerai pas M. Francis Poictevin sur sa prédilection pour les bossues et les bosses ; je ne lui reprocherai pas davantage d’aimer les beaux cygnes (sans doute en mémoire de Wagner) qui gonflent au soleil leurs plumes blanches. Ce sont les deux épisodes les plus saillants de son livre. Il passe des cygnes aux bosses, des bosses aux cygnes, s’arrêtant à les considérer sous vingt aspects différents. Pour se délasser de cette étude et varier nos plaisirs, il nous confie, entre un cygne et une bosse, entre une bosse et un cygne des observations judicieuses dans le goût de celles-ci :


Le doigt dans la bouche ouverte d’enfants vous regardant passer y met un crochet d’interrogation, d’attente.
Ma compagne, partie quelques jours dans son pays, m’écrit de Pontarlier qu’elle a vu sous le porche de l’église une hirondelle si peu sauvage qui maçonnait son nid presque à portée de la main au-dessus du bénitier, une vieille qui venait renouveler l’huile des veilleuses lui a dit que, chaque année, la même hirondelle revenait et qu’on la connaissait bien.
Près de la chapelle, nous remarquions, en sortant, aux deux coupes de la vasque sur la place, les fils liquides tomber si tranquilles qu’on les eût dits couler sans bouger, n’eût été leur voix minime durante autour, et ces fils limpides venaient de pâlir, crépusculaires.
On rencontre ici une jeune femme en deuil mal suivie d’un petit garçon vers qui elle se retourne presque colère, personne incommodante aux yeux noirs, yeux s’obstinant, au front rentré, à la bouche en museau. Elle tiendrait, cette créature, de la taupe et du vampire.